Les estampes japonaises

À partir de 1858, le Japon intensifie ses échanges avec l’Occident. Les Européens, confrontés à une autre civilisation, découvrent alors une esthétique singulière. Les estampes japonaises, autant admirées par les artistes que par les collectionneurs, deviennent des œuvres incontournables dans les cabinets d’art asiatique. Le comte Etienne de Saint-Genys, neveu de Turpin de Crissé, diplomate et voyageur, lègue ainsi au musée Pincé en 1917 son fonds constitué de près de trois cents gravures.
 

Expression même de l’art japonais, les estampes (ou ukiyo-e) désignent littéralement des images du monde flottant. Réalisées à partir du 17e siècle, pendant la période Edo, elles sont destinées à une civilisation urbaine. Leur succès est dû à la simplicité des sujets (vie quotidienne, paysages, scènes de théâtre) à la maîtrise technique de la xylogravure (ou bois gravé) et au style graphique. Sont aussi appréciées l’audacieuse perspective en oblique et les vives couleurs en aplat.

 

Une sélection d’estampes, sur le sujet de la mer omniprésente dans ce pays, permet d’apprécier la diversité des maîtres du genre au 19e siècle. La très célèbre Vague d’Hokusai, évoquée par une réédition, renvoie à la série éditée en 1833 : Trente-six vues du Mont Fuji. In fine dans la postérité, l’inventive et forte image de la mer éclipse celle de la mythique montagne Fuji.

 

Hiroshige se fait lui connaître avec l’édition en 1835 de la série Cinquante-trois stations du Tokaïdo. Cette longue route littorale relie Edo, siège du gouvernement, à Kyoto, capitale impériale. Les relais, scrupuleusement décrits, se situent dans des cités pittoresques ou des paysages aquatiques à la lisière entre terre et ciel. Artiste de la première génération, Utamaro I est renommé pour ses femmes silhouettes sinueuses. Son élève, surnommé Utamaro II après son décès, figure dans sa lignée ces personnages en bord de mer. Gakutei parvient lui à transcrire l’effet de la pluie dans des scènes maritimes.