Pour plus de précision, consultez le catalogue de l'exposition.

Etude par Maxime Mortreau

Sous ce terme, on regroupe les marques ou estampilles apposées sur des supports variés (céramique, amphore, terre architecturale), à l’aide de poinçons matrices, permettant d’identifier une production définie.

La cartographie de leurs découvertes nous donne à voir les chemins qu’empruntaient les productions manufacturées dans l’Empire romain.

A côté des fabrications locales de céramiques destinées à couvrir les besoins de la population d’une capitale de cité, on a recours à de grands ateliers spécialisés extérieurs pour la fourniture de vaisselle dont la qualité ou la rareté justifient l’emploi d’une main-d’œuvre spécialisée, d’une technologie particulière ou d’un matériau argileux qu’on ne trouvait pas localement.

C’est le cas notamment de la vaisselle décorée ou lisse en céramique sigillée (sigillum : sceau) réalisée dans les grands ateliers du Sud ou du Centre de la Gaule.

Le nom gaulois ou romain du potier inscrit est suivi du verbe en abrégé ou non : fecit/fec ou de son pendant gaulois : avot pour « a fait ». L’utilisation du terme officina (en abrégé : of., offic.) est également attestée.

Les premières marques attestées sont celles figurant sur des assiettes, plats tasses ou coupes en céramique sigillée en provenance du Nord de l’Italie (Pise ou Arezzo). En l’absence d’analyses physico-chimiques, seules la morphologie et la comparaison directe avec des catalogues de marques de référence permettent l’attribution à un atelier précis.

L’un de ces catalogues de recueil d’estampilles sur céramique sigillée ou « terre samienne » fut réalisé par Felix Oswald en 1931.

ERIDVBNOS

ERIDVBNOS est un des potiers qui a laissé son nom sur le fond de grands gobelets à boire en parois fines type « Beuvray » à la panse décorée de motifs estampés à la roulette.

Leur grande capacité de contenance pourrait en faire des récipients propres à boire la boisson si chère aux gaulois : la bière (cervesa ou cvrmi).

On relève différentes graphies du nom de ce potier sans qu’on sache encore s’il s’agit là d’un critère discriminant de datation ou d’indication de provenance : on rencontre généralement Eridubno ou Eridubnos, plus rarement Eridubnu ou Eridubnus.

Sa diffusion reconnue concerne tout le quart nord-ouest de la Gaule.

Un grand centre de production de céramiques ayant produit notamment ce type de vase pendant la période augusto-tibérienne avec cette estampille a été mis en évidence récemment à Nevers.

Eridubnos, sur fond de gobelet en parois fines, Gaule, atelier de Nevers (Nièvre), début Ier siècle, Angers Logis Barrault 1999, Centre de Conservation et d’Etude de Maine et Loire, inv. 3844.06.01

Carte de distribution des marques du potier Eridubnos. Réalisation par Maxime Mortreau, INRAP, 2016

ADICO

La présence répétée dans le mobilier des fouilles menées à Angers d’un nom estampé en creux formé de lettres capitales en grands caractères relevé sur plusieurs vases en céramique commune et une brique permettent de considérer le nom gaulois d’ADICO comme étant celui d’un des principaux fabricants de poterie commune établi à Angers à l’époque tibéro-claudienne (30 à 60 ap. J.-C.).

D’autres noms sont par ailleurs connus : VIROX, RIS[ ou RIC[, VALE. La diffusion des vases portant ces marques semble se limiter pour l’instant au chef-lieu de la cité des Andicaves.

Ce procédé de marquage sur céramique commune est remarquable en Gaule romaine et ne trouve pas d’équivalents actuellement pour la même période.

Adico, sur brique, Gaule, atelier local, milieu Ier siècle, Angers avenue de la Blancheraie 2008, Centre de Conservation et d’Etude de Maine et Loire, inv. 43.06.01

VELVGNIOMARVS

Une dernière marque vaut que l’on s’y attarde : estampé sur un pilon d’amphore vinaire d’origine régionale de type Pascual 1, dans un cartouche circulaire se développe le nom VELVGNIOMARVS F(ecit) entourant une palmette en son milieu.

Cette estampille, attestée également à Rezé, près de Nantes sous la graphie VELVCNIOMAROS, nous fait connaître une production originale d’amphore, témoignage de la naissance d’un vignoble régional, aux mains d’un producteur ( ?) d’origine gauloise, et cela dès le début du Ier s. ap. J.-C.

Cartouche circulaire VELVGNIOMARVS apposé sur pilon d’amphore vinaire, Gaule, atelier régional, première moitié Ier siècle, trouvé à Angers ou Maine-et-Loire, Angers, musées, inv. 2015.0.3305