UN PEINTRE INTÉGRÉ DANS LES MILIEUX ARTISTIQUES

Pour en savoir plus, lire l'essai d'Hélène Jagot, "Jules-Eugène Lenepveu, un puritain de l'honneur",

dans le catalogue de l'exposition paru chez In fine, 2022. Les textes ci-dessous sont inspirés ou repris de son article.

Tous les artistes connaissent Lenepveu mais il est assez étranger au public, qui ignore presque tous ses ouvrages, qui ne sait pas très bien son nom. Lenepveu a un talent très sûr et très éprouvé ; mais il a une popularité bien restreinte si on la compare à celle que d’autres peintres ont su acquérir.

Charles Garnier

Fier, Lenepveu n’accordait aucune valeur à la flatterie, pour lui comme pour les autres. Réfractaire aux mondanités, il « ne jetait pas ses poignées de mains à tout le monde ».

Si Lenepveu est peu connu du grand public déjà de son vivant, il fait pour autant pleinement partie des réseaux artistiques de son temps . À Angers, Paris puis Rome, il se constitue au fil des décennies un cercle amical autant qu’un solide réseau professionnel.

Artiste issu d’un milieu modeste, il bénéficia des appuis des sommités d’Angers, parmi lesquelles Jean-Michel Mercier, conservateur du musée et professeur de dessin, et le sculpteur David d’Angers, pour se lancer à Paris grâce à une bourse de sa ville natale.

Karl Joseph Begas, Portrait de Pierre-Jean David d'Angers, octobre 1834, crayon graphique sur papier, 9 x 9 cm, Angers, musées, inv. MBA 478.2

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Recommandé par Mercier à David d’Angers et Jean-Victor Schnetz, Lenepveu fut assez facilement reçu comme élève dans l’atelier de François Picot, un des derniers tenants du davidisme.

Puis il sut rapidement gagner l’estime de ses maîtres et camarades d’atelier qui l’accompagnèrent aux différentes étapes de sa formation et de sa carrière.

L’atelier de François-Édouard Picot fut le creuset de sa réussite académique jusqu’à la consécration du Prix de Rome.

Anonyme, Photographie de François-Édouard Picot (1786-1868) (détail), Bibliothèque nationale de France. © Domaine public BNF Gallica

Louis-René Lebiez, Pierre-Nicolas Brisset (1810-1890) dans l'atelier de Picot, crayon noir sur papier, 35,1 x 26,6 cm, Angers, musées, inv. AMD 67.1.3

Édouard Aimé Pils (1823-1850), Bayer peignant, crayon sur papier, coll. part.

Gustave Boulanger (1824-1888), Jules-Eugène Lenepveu à l'Institut, 1884, encre sur papier, 18,1 x 18,1 cm, École nationale supérieure des beaux-arts, Paris, inv. PC 41829-217. © RMN-Grand Palais, avec l'aimable autorisation de l'ENSBA

Le compagnonnage qui suivit à la Villa Médicis avec les autres lauréats à l’Académie de France à Rome établit sans conteste ses amitiés personnelles et professionnelles les plus durables, dans une ambiance assez comparable à celle des promotions des grandes écoles.

Il y rencontra des artistes qu’il retrouva au cours des nombreux chantiers qu’il mena pendant presque de quarante ans : les peintres Léon Benouville, Gustave Boulanger, Félix Barrias, Isidore Pils et surtout l’architecte Charles Garnier, point d’ancrage central essentiel dans la vie et la carrière de l’artiste.

Sa fidélité en amitié est tellement légendaire que Charles Garnier qualifie son ami de « puritain de l’honneur et de l’amitié ».

C’est avec l’architecte de l’Opéra de Paris que les liens artistiques et affectifs sont les plus forts. 

Jean-Baptiste Carpeaux, Buste de Charles Garnier (1825-1898), vers 1869, porcelaine, 37 cm de h., Angers, musées, inv. MTC 3069 S Dép., dépôt de la Manufacture de Sèvres, 194.59

Sa connaissance des acteurs de la scène artistique sert aussi sa carrière et favorise notamment l’attribution de commandes officielles.