DE PRESTIGIEUX DÉCORS POUR LES ÉDIFICES NATIONAUX

Lenepveu reçoit d’ambitieuses commandes pour des édifices nationaux à Paris. Sous le Second Empire, deux plafonds d’opéras lui sont attribués par Charles Garnier. Sous la Troisième République, lui sont confiés des modèles pour un décor au musée du Louvre et un cycle sur la Vie de Jeanne d’Arc pour le Panthéon.

Le renouvellement de la peinture d'histoire est désormais le fait de la peinture murale, et Lenepveu compte parmi ses premiers acteurs aux côtés de Pierre Puvis de Chavannes et de Paul Baudry.

Le plafond de l’Opéra Le Peletier, Paris

Détail d'un carton du plafond de l'opéra Le Peletier, 1863, fusain, pierre noire sur papier, 3 x 2,14 m, Angers, Musées, inv. 2020.0.13.2.

En 1863, Jules-Eugène Lenepveu et à Gustave Boulanger reçoivent la commande de la peinture du plafond de l'opéra Le Peletier, Apollon présidant aux Arts, la Musique, la Tragédie et la Danse. Les peintres y offrent une ronde de personnages antiques sur un fond d’or.

L’édifice est détruit lors d’un incendie en 1873.

Le plafond de l’Opéra Garnier, Paris

Détail de plusieurs cartons assemblés du plafond de l'opéra Garnier, 1872, fusain, pierre noire sur papier, 5,5 x 2,20 chaque fuseau, Angers, musées, inv. 2020.0.12.

Charles Garnier, l'architecte du Nouvel opéra commande la décoration du plafond à son ami de longue date, Lenepveu. Le peintre réalise Les Muses et les Heures du Jour et de la Nuit, qui se déploie dans une immense coupole d’une envergure de 20 mètres de diamètre (1870). Lenepveu démontre sa maestria dans cette composition plafonnante, peuplée de 63 personnages et s’ouvrant sur ciel. Le peintre se réfère au style baroque dans cette scène alliant personnages mythologiques et allégoriques.

Ce plafond est masqué depuis 1964 par une composition commandée à Marc Chagall. 

Les musées d’Angers conservent, grâce à la générosité de Lenepveu, les cartons préparatoires du plafond, dessinés sur papier à taille réelle d’exécution. Cet ensemble exceptionnel de 24 lés est aujourd’hui un précieux témoignage pour appréhender la dimension colossale du projet. Leur présentation inédite, compte tenu de leur format et de leur fragilité, a été rendue possible grâce à leur étude et leur restauration en amont de l’exposition.

Le décor de l'escalier Daru au musée du Louvre, Paris

Détail du carton Rome, 1888, huile sur toile 3,5 x 3 m, Angers, musées, inv. 2013.22.106.

En 1883, l’architecte Edmond Guillaume est chargé d’aménager l’escalier Daru où est installée la Victoire de Samothrace. Il confie à Édouard Gerspach, de l’Atelier national de mosaïque, la réalisation du décor des coupoles. Astreint à un rôle de cartonnier, Lenepveu fournit des modèles peints pour ce décor destiné à être réaliser en mosaïque.

Les coupoles dédiées à la Renaissance (1885) et à l’Antiquité (1888) s’ornent d’allégories dans les pendentifs et de profils d’artistes dans des médaillons flanqués de Génies dans les voussures.

Les tensions s'accumulent sur ce chantier, des polémiques enflent et les travaux sont suspendus en 1892. Le décor de la coupole inachevé suscite de vives critiques. Les deux coupoles seront malgré tout terminées, mais elles seront masquées en 1931 lors d'un projet de réaménagement.

Lenepveu s'opposa à ce que ces modèles, très différents du reste de son oeuvre, par leur dessin très épuré et par l'utilisation de grands aplats rendus nécessaires pour leur retranscription en mosaïque, puissent être présentés à l'exposition Universelle en 1889.

Le Cycle de la Vie de Jeanne d'Arc au Panthéon, Paris

Histoire de Jeanne d'Arc, ricordo, 1890, huile sur toile, 1 x 1,43 m, Angers, musées, inv. 2020.0.6.3.

Après le décès de Paul Baudry, les compositions sur la Vie de Jeanne d’Arc sont commandées à Lenepveu. Il rejoint un chantier décoratif majeur sollicitant des artistes renommés comme Léon Bonnat, Alexandre Cabanel, Pierre Puvis de Chavannes et Jean-Paul Laurens. L’ensemble narratif se situe dans le transept gauche en face de la Vie de saint Louis de Cabanel. Il narre les faits marquants d’une sainte populaire et s’insère dans le cadre architectural contraint avec ses colonnades (1889).

Les registres allégorique et historique sont en vigueur pour ses dernières commandes dans les années 1880. Les modèles peints pour le décor en mosaïque de l’escalier Daru respectent l’iconographie traditionnelle, mais étonnent par leur facture schématique. La Vie de Jeanne d’Arc pour le Panthéon, seule incursion de Lenepveu dans le Moyen Âge, offre de célèbres récits historiques.