La belle armoire - Tapisserie

Désignation

La belle armoire

Tapisserie

Fonction de l'auteur

Artiste-cartonnier

; Lissier

Auteur

Lurçat Jean

  • Lieu de naissanceBruyères
  • Lieu de décèsSaint-Paul-de-Vence
  • Date de naissance1892
  • Date de décès1966
  • Nationalité / CultureFrançaise
  • FonctionPeintre

Date de création

1963

Lieu de création

Aubusson

Fonction de l'auteur

Atelier

Auteur

Tabard - Aubusson (atelier)

  • FonctionLissier

Date de création

1963

Lieu de création

Aubusson

Matière

Coton

; Laine

Technique

Basse-lice

Mesures

Hauteur en m : 2,45

; Largeur en m : 3,25

Description

Cette tapisserie de Jean Lurçat (1892-1966) appartient à un cycle dit des « Armoires » que l’artiste commence avec « La grande armoire d’Orphée » de 1946 (2,40x3,25 m) et dont Lurçat raconte l’origine : « Quand j’ai conçu « L’Armoire d’Orphée », j’en avais trouvé le titre d’abord. Je m’étais mis à imaginer Orphée ouvrant son armoire et voyant tout son petit personnel bien rangé là-dedans. Là-dessus, ma tapisserie s’est mise à se composer, à se mettre en place. »
Une tapisserie très proche de « La belle armoire » est « Bien close en elle-même » appartenant aux collections du Mobilier National . Enfin, on peut rapprocher « La belle armoire » d’un ensemble de tapisseries du cycle des armoires comme par exemple « Ferme ton armoire » de 1948-49 .
Jean Lurçat explore dans « La belle armoire » le thème du bestiaire qui lui est si cher. Sur des tréteaux est posée une sorte d’armoire dont les battants sont visibles à gauche et à droite de la tapisserie. Des végétaux grimpent sur l’armoire, des étoiles et des animaux se posent dessus. Sur la gauche, un grand coq majestueux sort du cadre de l’armoire. Il est de profil, narquois et semble nous observer ou observer le curieux cabinet de curiosité qui compose l’intérieur de l’armoire. En effet, et comme souvent chez Jean Lurçat, un bestiaire mi- réaliste, mi- fantastique est inscrit dans chaque étagère de l’armoire : papillon, porc-épic, sphinge, tortue, poisson (est-ce la carpe de lune ?) et canard.
Le grand papillon est « issu » d’un voyage de l’artiste en 1954 au Brésil : « J’ai vu là-bas des formes gigantesques, presque inhumaines... Aussi bien dans les feuillages, les orchidées, les fleurs que dans les insectes, les papillons...Ce qui m’intéresse, par exemple, dans le papillon, ça n’est pas la réalité de cet insecte, c’est l’invention extraordinaire que constituent l’entrelacs des formes, le pétillement des coloris, ce côté gratuit-si j’ose dire- de la coloration [...]. Ces papillons m’ont appris beaucoup de choses. Moi, je fais un entrelacs de directions, un entrelacs de formes qui n’ont de valeur-prises une à une- qu’en tant que formes. Car, si l’on regarde bien mes papillons, on s’aperçoit qu’il leur est totalement impossible de voler. Ils sont bâtis dans une rigoureuse inobservance des lois de l’équilibre et du vol [...]. Mais ils ont cet avantage qu’ils se sont lavés de la pesanteur. Je peux les mettre dans tous les sens imaginables du vol : ils tiennent. [....]. J’ai besoin de ces formes et de ces lignes inattendues, dégagées. De cet éclatement, de ce mouvement. »
On retrouve ce bestiaire de Jean Lurçat dans Géographie animale de 1948, dont le texte et les 18 illustrations sont de Lurçat. On peut lire pour la Carpe de lune : « Garde blanc de ces eaux, voici la carpe au sang bleu, d’un bleu pâle de blanc d’oeuf ; Elle est placide comme les falots ; méchante »
Grâce à un anthropomorphisme efficace, les textes font de nombreuses allusions à la guerre, à l’engagement, à la Résistance. Ainsi pour l’animal fétiche de Jean Lurçat, le coq : « Voici le prince des impertinents, il nous a suivis au maquis, ses plumes sont des serpes, les Chleuhs s’en souviennent ». Lurçat raconte qu’en 1942, dans son exil du Lot, il rencontra un beau matin devant son atelier un coq. « C’est le coq le plus insolemment coq qui puisse se trouver », raconte-t-il. « L’oiseau est stupéfiant de vergogne. Le soleil l’enveloppe, astique son jabot, le lustre, en fait une sorte de Dieu Rouge, de phare, de germe en érection, d’Astrapatte (oui, le terme dit bien ce qu’il veut dire). Cet animal, crête et plumes goménolisées, fait un sort à chacun de ses pas ; et sur terre, pose tout à tour une patte comme une dextre fichée sur un bâton de commandement. Quelle gloire, quelle superbe ! L’image surgit d’elle-même : « Un roi ! Versailles ! Le Grand Roi, le Roi Soleil». (Claude Roy). Ce texte, montre l’émerveillement de l’artiste devant ce bel oiseau. Il intéresse le plasticien mais également l’homme déterminé et engagé. Pour les tortues, Jean Lurçat indique : « Les tortues ne sont venues que plus tard. J’ai pris conscience de la symbolique des tortues en Chine [...]. La tortue, c’est la terre, la pérennité, c’est la durée, le solide, les quatre pieds lourdement sur terre ». (Françoise de Loisy, 2019)

Objet associé

La belle armoire, 1962, fondation Lurçat. : Autre version

; La belle armoire, bien close..., 1950, Tabard : Autre version

Inscriptions / marques

Signature

; en bas à gauche

; signature de l'artiste tissée

; "lurçat"

Monogramme

; en bas à droite

; monogramme de l'atelier tissé, Tabard

; "TAAD [entrelacé]"

Bolduc

; au revers

; Une trace de bolduc disparu (reste les coutures)

Etiquette imprimée

; au revers

; Cousue au revers, en haut à gauche. D'entreprise de nettoyage ?

; "101818"

Marquage numéro d'inventaire

; non identifiable

Domaine

Tapisserie

Collection antérieure

Collection privée

; Muller

Collection privée

; Alain docteur

; 1968 : Date d'acquisition

; 2013 : Date de vente

Collection privée

; Chaperon Dominique et Jacques

; 2019 : Date de don/donation

Statut administratif

2019.4 Donation Chaperon

Localisation de l'objet

En réserve

N° d'inventaire

2019.4.1

Musées (par registres d'inventaire)

Musée J. Lurçat et de la tapisserie...

Exposition

2020, Angers, Nouvelles acquisitions, musée de la Tapisserie

Bibliographie

Roy, Lurçat, Jean Lurçat, peintre cartonnier, 1992

  • Claude Roy, Claude, Jean Lurçat, Jean Lurçat : peintre cartonnier, 1892-1966 : dialogue d'écrits, Toulouse : GI éd., 1992, 192 p.

Claude Roy, Claude, Jean Lurçat, Jean Lurçat : peintre cartonnier, 1892-1966 : dialogue d'écrits, Toulouse : GI éd., 1992, 192 p.

; p. 78-79 : référence à l'Armoire d'Orphée, coll. Mobilier national, Paris, de 1946 et non à notre exemplaire et p. 92 : référence à La belle armoire, bien close en elle-même, coll. Mobilier national, Paris.

Rollin, Majorel, Huchard, Donation S. Lurçat, 2004

  • Jean Rollin, Denise Majorel, Viviane Huchard, et-al., Jean Lurçat : donation Simone Lurçat, tapisseries, peintures, céramiques, livres illustrés, cat. exp., Paris, Académie des beaux-arts-Institut de France, salle comtesse de Caen, 16 juin-22 août 2004, Paris : Académie des Beaux-Arts-Institut de France, 2004, 80 p.

Jean Rollin, Denise Majorel, Viviane Huchard, et-al., Jean Lurçat : donation Simone Lurçat, tapisseries, peintures, céramiques, livres illustrés, cat. exp., Paris, Académie des beaux-arts-Institut de France, salle comtesse de Caen, 16 juin-22 août 2004, Paris : Académie des Beaux-Arts-Institut de France, 2004, 80 p.

; repr. p. 53 (exemplaire de la Fondation Jean et Simone Lurçat)

Lurçat, 2008, Paris, Riga, Lodz, Angers, 2008

  • Jean Lurçat : Académie des Beaux-Arts - Institut de France : Dekorativas Makslas un dizaina muzejs, Riga, Latvija : Centralne Muzeum Wlokiennictwa w Lodzi, Polska : Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine d'Angers, édition quadrilingue, 2008 , 64 p.

Jean Lurçat : Académie des Beaux-Arts - Institut de France : Dekorativas Makslas un dizaina muzejs, Riga, Latvija : Centralne Muzeum Wlokiennictwa w Lodzi, Polska : Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine d'Angers, édition quadrilingue, 2008 , 64 p.

; repr. p. 60-61 (exemplaire de la Fondation Jean et Simone Lurçat)

Denizeau, 2013, Lurçat

  • Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Montreuil-sous-Bois : Lienart, 2013, 168] p.

Gérard Denizeau, Jean Lurçat, Montreuil-sous-Bois : Lienart, 2013, 168] p.

; fig. 160, p. 145 (exemplaire de la Fondation Jean et Simone Lurçat)