Portrait de dom Massey - Tableau

Portrait de dom Massey

Tableau

Peintre

Anonyme, école française, 18e

1765

Angers

Peinture à l'huile

Hauteur en cm : 33,5

; Largeur en cm : 26,4

; Epaisseur en cm : 1,9

; Hauteur avec cadre en cm : 43

; Largeur avec cadre en cm : 35,7

; Epaisseur avec cadre en cm : 4

Un rare portrait d’un mauriste universitaire d’Angers
Ce portrait anonyme daté de 1765 est une oeuvre de facture assez quelconque et tout à fait conforme au canon des représentations habituelles de bénédictins remarquables de la congrégation de Saint-Maur en vigueur au XVIIIe siècle (voir document 4 portraits joint), si ce n’est à un détail près : l’épitoge rouge écarlate sur l’épaule gauche. Le sujet figuré, dom Massey, intéresse particulièrement l’histoire angevine car c’est un des rares portraits de professeurs lié à l’université d’Angers à la fin de l’Ancien Régime. L’essentiel de nos renseignements sur ce personnage proviennent de deux sources : les registres de matricules des moines profès de la congrégation et le récit de sa fin tragique en 1792. Les renseignements sur ce personnage sont éparpillés dans différentes publications (voir bibliographie sur la fiche indexation du personnage). Il est peu connu localement, dom Chamard nous dit qu’il ne possède « aucun renseignement particulier sur le R. P. Macé (sic) ».

René-Julien Massey est né sur la paroisse Saint-Germain de Rennes et baptisé le 18 janvier 1732. Il fit profession à l’abbaye Saint-Melaine de sa ville natale le 31 août 1749. Il était le neveu de dom Ambroise Chevreux, supérieur général de la congrégation de Saint-Maur et ancien profès de l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Sans aucun doute étudiant brillant, il obtient son doctorat in utroque jure, c’est à dire en droit civil et canon probablement dans la jeune faculté de droit de Rennes, transférée de Nantes à Rennes en 1735. Il est alors envoyé à l’abbaye Saint-Serge d’Angers comme professeur vers 1760. Il en devient prieur de 1766 à 1769. Il est ensuite transféré cette même année à Saint-Florent de Saumur où il fut élu prieur peu après son arrivée, et le resta jusqu’en 1778. Saint-Florent de Saumur a été, au XVIIIe s. une académie d’études où l’on regroupait les sujets les plus doués selon Pierre Gasnault. Il est à nouveau prieur de 1781 à 1788, puis sous-prieur au moment de la Révolution. Ayant refusé de prêter le serment constitutionnel, il continue malgré tout à résider à l’abbaye jusqu’en juin 1791, puis à proximité jusqu’en avril 1792. Cette même année, il rejoint son oncle à Paris et fut arrêté avec lui le 29 août. Ils furent massacrés dans la prison des Carmes, peu après, le 2 septembre. Il fut béatifié le 17 octobre 1926 et figure parmi les saints honorés du diocèse d’Angers. C’est l’un des quatre « martyrs de septembre » de ce diocèse avec les sulpiciens Jean-Gabriel Gallais, Henri-Auguste Luzeau de la Mulonnière et le curé d’Allonnes Jean-Robert Queneau.

Dans ce portrait, il est représenté en buste, la tête tournée légèrement vers la droite. Il porte la coule noire et le capuchon sur la tête. La particularité par rapport aux autres portraits connus est la présence d’une épitoge professorale rouge écarlate à un rang d’hermine (aujourd’hui il y en aurait trois). Cette couleur est celle qui est attribuée aux juristes. L’inscription latine au dos mentionne dans l’ordre ses titres et fonctions : prêtre bénédictin, docteur en droit, professeur à l’abbaye Saint-Serge alors collège universitaire. L’abbaye Saint-Serge et Saint-Bach d’Angers est l’une des deux maisons d’étude de la province mauriste de Bretagne. On y enseigne la philosophie et la théologie. C’est la seule abbaye de la province qui accueille les jeunes profès pour compléter leur formation. René-Julien Massey y occupe un rôle éminent comme le rappelle son grade universitaire. La congrégation de Saint-Maur, ordre érudit, se souciait assez peu paradoxalement de faire passer à ses membres leur grade universitaire. Saint-Serge bénéficie de la présence ancienne de l’université d’Angers mais n’est associée comme collège universitaire de plein exercice qu’à la suite d’un procès en 1765. C’est probablement l’abbaye qui fit commander ce portrait l’année de cet accord solennel pour montrer le rôle universitaire pris par ses membres à l’intérieur de la congrégation. Dom Massey est qualifié de doctor consultissimus. Il était correspondant du bureau central des études pour la province de Bretagne.

Au dos du portrait, daté de 1765, sa fonction de prieur n’est pas encore indiquée. Sa nomination n’interviendra que l’année suivante. Date et inscription sont donc cohérentes, seule la dernière ligne mentionnant sa mort a été rajoutée en français. Ce tableau a été réalisé par un frère de l’abbaye, ou par artiste de la ville. On ne sait pas si Saint-Serge possédait les portraits de ses membres les plus remarquables comme en possédaient les abbayes Saint-Germain-des-Prés de Paris ou Marmoutier, près de Tours. Un seul autre portrait de mauriste est connu à Angers mais c’est un supérieur général. Il est présenté dans l’ancienne abbaye Saint-Aubin (act. Conseil départemental de Maine-et-Loire).
Malgré l’existence de quatre établissements mauristes (abbayes Saint-Aubin, Saint-Serge, Saint-Nicolas et prieuré Saint-Sauveur de l’Esvière), ce serait donc le seul portrait d’un de ses membres à Angers. Quant à la représentation des professeurs docteurs en droit de l’université, le seul portrait qui nous est parvenu est celui de Claude Pocquet de Livonnière, exposé dans le parcours Histoire d’Angers au musée des Beaux-Arts. (F. Comte, 2017)

Inscription

; Daté

; au verso

; sur une étiquette collée sur la toile

; "Anno Domini 1765 // D. Renatus Julianus // Massey // Presbyterus ordinis S. Benedicti / congragationis S. Mauri // Juris utriusque Doctor consultissimus // et in Regali Abbatia SS Sergii et Bacchi // Collegii Universitatis // Professor academicus // Septembrisé aux Carmes // 1792"

Etiquette manuscrite

; au dos du montage

; Scotchée

; "Identité du portrait du moine, de la congrégation // de St Maur, en son cadre"

Etiquette imprimée

; au dos du cadre

; De vente

; "86 // vente MOA 16 12 17"

Etiquette manuscrite

; au dos du cadre

; Collée, de vente

; "29525/1"

Marquage numéro d'inventaire

; sur l'objet

; Fait sur le cadre, au dos du chassis et sur le montage.

Peinture

Collection privée

; Anonyme

; 2017, 16 décembre : Date de vente

2017.8 Achat concours du Fram

En réserve

2017.8.1

© Musées d'Angers / cliché D. Riou

Musée des antiquités Saint-Jean