David à Victor Pavie, 15 mars 1848, de Paris - Lettre

David à Victor Pavie, 15 mars 1848, de Paris

Lettre

Rédacteur

David d'Angers Pierre-Jean En savoir plus

• Lieu de naissanceAngers
• Lieu de décèsParis
• Date de naissance1788, 12 mars
• Date de décès1856, 5 janvier
• Nationalité / CultureFrançaise
• FonctionStatuaire
• FonctionDonateur
• FonctionSculpteur
• Notice biographiqueSculpteur, il fut l'éleve de Delusse, de Jacques-Louis David, de Roland. prend le patronyme d'Angers quand la ville lui offre une pension, enverra en remerciement tous ces platres à Angers.
  Travailleur infatigable, David a parcouru la France et l’Europe pour réaliser sa galerie de portraits des Grands Hommes. Il a ainsi réalisé près de 55 statues, 150 bustes, 70 bas-reliefs, 20 statuettes et plus de 500 médaillons. Il fut une personnalité active dans la sphère culturelle de son époque, participant à divers salons mondains, faisant partie de plusieurs cercles, notamment maçonniques et phrénologiques, créant des liens avec la société littéraire et artistique, mais également avec des personnalités du monde des sciences et de l’industrie, rencontrant les personnalités fortes de son siècle : Goethe, Friedrich, Rauch, Paganini, Balzac, Hugo, Chateaubriand, Cuvier, Jefferson, etc. En 1826, il fut élu membre de l’Institut et devint professeur à l’Ecole des Beaux-Arts. Il fut également très engagé politiquement, exerçant des fonctions de maire et de député. « Je ne me suis jamais dissimulé quel sacrifice je m’imposais en acceptant ce mandat […] mais j’ai toujours pensé qu’avant être artiste, il fallait être citoyen, et tout homme qui penserait différemment serait un lâche » . Son engagement républicain lui valut l’exil lors du coup d’Etat du 2 décembre 1851. Il dut se réfugier à Bruxelles, puis en Grèce, voyage qu’il avait rêvé de faire jeune. Mais amoindri par le chagrin, déchiré loin de sa patrie, il ne désire qu’une chose : rentrer en France. Ce ne fut rendu possible qu’en 1853. Il s’éteindra peu après en janvier 1856 à Paris, après un dernier séjour en Anjou, sa terre natale. (VB)

1848, 15 mars

Paris

Plume et encre noire

Hauteur en cm : 20,5

; Largeur ouvert en cm : 26,8

; Largeur en cm : 13,4

Lettre de 4 pages

Lettre

"[inscription apocryphe au crayon :] 7
Département de la Seine,
Ville de Paris
Mairie du XIe arrondissement,
Rue Garancière, 10
Paris, 15 mars 1848
Cher ami,
Ces quelques lignes sont écrites pour te prouver qu’au milieu des innombrables difficultés qui viennent m’assaillir de toutes parts, ton cher souvenir m’est toujours présent.
J’ai assisté au plus grand, au plus noble spectacle qu’il soit donné à l’homme de voir, pendant les trois journées révolutionnaires, nuit et jour, je n’ai pas quitté les barricades, et je suis plein d’admiration pour le grand et sublime peuple, se présentant la poitrine nue devant des masses innombrables de baïonnettes, poussé seulement par cet instinct de la sainte Liberté. Qu’ils sont grands ces généreux Républicains, et comme il fallait que ce sentiment fût profondément imprimé dans les âmes pour que, sans aucune direction, que cet instinct électrique qui [mot rayé : « est »] a fait mouvoir toute cette masse d’hommes à trois heures du matin lorsque les Barricades étaient encore toute fumantes de poudre et d’un sang généreux.
J’étais couché tout habillé pour prendre quelques instants de repos, lorsque plusieurs citoyens vinrent m’annoncer qu’on [mots rayés : « j’étais »] m’avait nommé maire, et à l’instant un express vint aussi m’apporter ma nomination de Directeur des musées nationaux, [mot rayé : « j’envoyais »] je répondis de suite que je refusais cette place et je me rendis [mot rayé illisible] à mon poste de maire, depuis j’ai refusé deux fois d’être chargé de la direction des arts au ministère de l’intérieur. Je crois qu’en acceptant le poste périlleux de maire, j’ai été utile, car le peuple me connait, et j’ai empêché de ces malheurs inévitables, dans des circonstances aussi brûlantes où tant de passions sont remuées.
Il y a deux jours que j’ai reçu une lettre du maire de Dunkerque qui m’annonçait qu’une rue à laquelle on avait autrefois donné le nom de rue de Chartre portait actuellement celui de David d’Angers, j’en ai été d’autant plus heureux que le nom de notre chère cité, parcourt les mers sur un vaisseau et est inscrit sur les murs d’une [mot rayé] ville française.
Tout marche bien à Paris, on commence à comprendre que ce beau gouvernement républicain est désormais possible, qu’après lui il n’y aurait plus qu’un chaos effrayant comme l’enfer, mais il faut que les partis sachent bien que la République peut soulever la tempête et aussi la calmer... certes le calme ne peut pas surgir de suite d’une commotion aussi grandiose. Quand un vaisseau va sombrer, s’il s’en trouve un qui recueille les passagers et leurs bagages, il doit nécessairement exister un très grand désordre, mais avec un peu de temps chacun retrouvera sa case et l’ordre renaîtra.
Adieu mon cher Victor, embrasse pour moi tous ceux qui te sont chers et crois-moi toujours à toi de coeur.
David d’Angers
P.S. : Depuis la Révolution, je n’ai pas remis le pied dans mon atelier, avant d’être artiste il faut être citoyen, voilà ma devise.
Viendras-tu voir notre exposition ? J’ai gagné mon procès pour la Liberté des expositions avec le secours de coups de fusils : Vive la République."

Correspondance David

Collection privée

Pavie Marie France

1997 : Date de vente

1997.21 Achat Pavie

En réserve

1997.27.7

Les hautes définitions sont sur disque dur externe.

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Galerie David d'Angers (annexe MBA)