Un espace de transport et de commerce

La mer est un moyen de circulation, parfois le seul ou le plus rapide, pour relier entre elles les terres. Les océans transportant des denrées, des marchandises et des personnes, les échanges sont autant commerciaux que culturels. Les idées, les religions, les arts transitent aussi par l’espace maritime. Le rassemblement d’objets de tout horizon, décorés de bateaux et navires, barques et voiliers, évoque toutes ces facettes.


Dans l’Antiquité, l’amphore est le récipient de transport par excellence pour les aliments. Une, d’imitation gauloise, contenait ainsi des sauces produites en Afrique du Nord, et un statère béotien évoque les échanges monétaires grecs. Tandis qu’une assiette de la Compagnie des Indes montre une porcelaine chinoise d’exportation, destinée aux Européens dès le 17e siècle.

 En Asie, ces objets fourmillent aussi comme un godet chinois en forme de jonque ou un brûle-parfum japonais en forme de barque. Des tsubas japonais attestent des flux entre l’Europe et l’Asie : l’un est orné d’une jonque, l’autre d’un navire occidental avec une croix.

 Des productions locales d’objets usuels se réfèrent aussi au milieu maritime comme la maquette de bateau en verre réalisée à Saumur ou le carafon dit hollandais à décor de navires réalisé dans le Maine. Un vide-poches publicitaire au décor estampé détaille, lui, un bateau de pêche dont les voiles et les cordages sont fabriqués par l’industrie angevine Bessonneau et donc destinés à voguer sur les mers.

Ports du sud, ports du nord

Le Hollandais Grevenbroeck exécute au 18e siècle une paire de marines. Ces tableaux, conçus en pendant, attestent de l’intérêt des peintres du nord pour la Méditerranée. Sur des sites escarpés, une tour et une colonne scandent architecturalement ces ports baignés d’une chaude lumière méridionale. Ces vues sont caractéristiques des villes portuaires qui jouent des rôles commerciaux et historiques majeurs : au sud, les foyers antiques d’Athènes et de Rome, les villes de Venise et Gênes puis l’Espagne tournée vers le Nouveau Monde ; au nord, Hambourg au cœur de la hanse germanique en mer du Nord, les ports des marchands flamands d’Anvers ou hollandais de Rotterdam.

Bateaux, navires ou vaisseaux

Avant de se consacrer à l’art de la tapisserie, Jean Lurçat est un peintre, inspiré par le mouvement surréaliste dans les années 1930. Dans ses paysages désolés et mélancoliques, aux coloris ternes et saturés, toute figure humaine est absente. Ses bateaux échoués et esseulés font songer au Vaisseau fantôme de Richard Wagner ou au Bateau ivre d’Arthur Rimbaud. C’est comme si l’interaction de l’homme sur la nature ne pouvait se décrypter qu’en filigrane. Ou bien s’agit-il d’une allusion à la vacuité des frénétiques activités humaines ?