Mer religieuse et poétique

L’Ancien Testament regorge de scènes se déroulant en mer ou sur ses côtes : la Création du monde avec la séparation des eaux et du ciel, le Déluge avec l’arche de Noé dans La Genèse, Moïse séparant les flots de la Mer rouge pour créer un passage dans L’Exode. Les musées d’Angers conservent surtout des représentations des épisodes bibliques du Nouveau Testament et légendaires des saints où la mer revêt une signification symbolique.

 

Un vitrail angevin figure saint Christophe, celui qui étymologiquement porte le Christ, lui faisant traverser des flots agités. L’Angevin Victor Livache a dessiné au 19e siècle des projets de vitraux. Jésus y invoque une pêche miraculeuse sur le lac de Tibériade appelé mer de Galilée pour susciter la vocation des apôtres, dont saint Pierre, devenu patron des marins-pêcheurs. Saint Nicolas, évêque de Myre, qui y apaise la tempête par sa prière pour sauver ses compagnons d’une mer déchaînée, est devenu patron des marins.

 

Des éléments marins deviennent aussi des symboles religieux. Le poisson ornant des fragments de tissus égyptiens coptes n’est pas qu’un simple ornement décoratif. Son nom signifiant en grec le Dieu sauveur, il est choisi dans les premières communautés chrétiennes. Et les bénitiers aux entrées des églises, évoquant le baptême, sont parfois soit des coquillages naturels gaufrés soit des objets en reprenant la forme.

 

Outre le lyrisme de Jules Michelet (La Mer, 1861) ou de Victor Hugo (Les Travailleurs de la mer, 1866), la mer joue un rôle privilégié dans les récits amoureux. Géricault dessine vigoureusement une scène dramatique qui pourrait être tirée de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre (1788) : un homme secourant une femme après un naufrage. David d’Angers, lui, trace Sapho, poétesse grecque antique, jouant de la musique à Leucate sur l’île de Lesbos, avant de se jeter dans la mer par désespoir amoureux. La mer inspire les artistes et les poètes, mais aussi les compositeurs comme l’atteste l’œuvre symphonique La Mer de Claude Debussy (1905).