Un désir de rivage

La perception de la mer change en Occident au 18e siècle. La génération romantique ne craint plus sa toute-puissance mais y voit un hymne à la nature. Les approches sensorielles, voire émotionnelles, rendent les paysages marins attrayants. On goûte autant l’infini des grèves que le vide des plages et les ports pittoresques. Cette invention du bord de mer, désormais fréquentée par les urbains, se perpétue avec les bienfaits thérapeutiques ou la pratique de la thalassothérapie.

Les pochades de Bodinier, croquées sur le vif, témoignent du passage de la contemplation d’un beau Paysage marin au plaisir d’un bain de mer d’un Jeune garçon sur la plage de Terracina. Ces tableautins se composent par des lignes rectilignes et des harmonies bleutées. Les Joyeux bains de mer de Chemellier, statue longtemps érigée en agrément dans le jardin du Mail à Angers, illustre de manière anecdotique cet aspect ludique de la mer. Les personnages semblent jouer avec de l’eau après leur travail.

La vue cavalière de La Plage de la Bôle de Georges Lafont, architecte nantais ayant construit des villas sur la côte atlantique, décrit la station en 1882. La Baule, encore très arborée, compte alors à peine mille habitants et une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Flots. Des terrains sont à lotir et la ligne de chemin de fer reste encore modeste. A la fin du 19e et au début du 20e siècle, du Touquet à Biarritz, l’engouement pour la mer favorise l’essor des villégiatures balnéaires sur le littoral français.

Bains de mer

L’image de la baigneuse mythologique se différencie nettement de celle du baigneur contemporain. Ainsi, Trouillebert dépeint au 19e siècle des jeunes femmes enjouées et nues, s’apprêtant à se baigner sous les embruns. Mais elles adoptent résolument l’allure de divinités antiques. La référence mythologique sert de prétexte à la représentation de la nudité féminine. La plasticienne contemporaine Émilie Thibaudeau, elle, scrute des estivants nonchalants sur la plage des Sables-d’Olonne en 2016. Sommairement vêtus, mais dotés d’accessoires, ils semblent malicieusement décrits avec leurs lunettes, maillots et autres casquettes.